Hommage à Caroline Andrew

Hommage à Caroline Andrew (par Louise Dumoulin)

J’aimerais rendre hommage à madame Caroline Andrew décédée il y a quelques mois à peine.

J’ai connu madame Andrew par sa voix uniquement pendant longtemps. Elle était fréquemment invitée à la radio de Radio-Canada local pour commenter l’actualité et, notamment, les événements concernant notre région. J’étais jeune alors et j’étais admirative devant la justesse de ses propos et sa capacité de faire la part des choses sans rien salir, ni embellir. En plus, elle s’exprimait dans un français relevé teinté d’un accent très léger tout à fait sympathique. Il était clair qu’elle était aussi appréciée par le personnel de la station de radio qui la traitait avec respect et une certaine déférence.

Plus tard, beaucoup plus tard, j’ai découvert qu’elle avait collaboré à l’écriture de Histoire de l’Outaouais, sous la direction de Chad Gaffield, paru en 1994 et publié par l’Institut québécois de la recherche sur la culture. Mme Andrew avait rédigé trois des chapitres de la quatrième partie intitulée À la recherche d’une identité : de 1949 à nos jours, c’est -à-dire les chapitres 12. La présence gouvernementale, 15. Les mouvements sociaux et 19. La politique régionale. Encore une fois, elle avait choisi de traiter des petites gens, des travailleurs hullois humbles et laissés à eux-mêmes à la suite du grand dérangement des années 1970.

Plus tard encore, en fait, il y a un an, alors que je faisais les recherches pour mon quatrième roman, j’ai découvert L'urbanisation, une affaire : l'appropriation du sol et l'État local dans l'Outaouais québécois, publié en 1981 aux Éditions de l’Université d’Ottawa, une mine de renseignements sur les spéculations foncières qui enrichirent nombre d’hommes d’affaires et de politiciens de l’Outaouais québécois au cours des années 1960 à 1980. Cet ouvrage fournit des renseignements inédits sur les transactions foncières et immobilières de l’époque. Cette fois, je ne fus pas surprise d’y voir apparaître le nom de madame Andrew accolé à celui de deux éminents collaborateurs, car depuis longtemps j’avais compris que cette femme était mue par l’obligation de rigueur en matière de recherches et le désir de dénoncer les abus.

Enfin, quand, tout récemment, j’ai pris connaissance des articles concernant le parcours de cette grande dame, j’ai découvert toute l’ampleur de la carrière longue et fructueuse de cette humaniste exceptionnelle, cette grande âme, cette femme intègre et généreuse.

Je lève le chapeau à cette citoyenne exceptionnelle qui s’est intéressée au sort des sans-voix tant de ce côté-ci de la rivière que de l’autre. Merci à elle!

Louise Dumoulin, auteure et conférencière

(rédigé en mai 2023)